Charcot, Zola, A.Thomas

l'égide de personnalités extraordinaires
attachées à la résidence

Jean-Baptiste Charcot

Jean-Baptiste Charcot est né le 15 juillet 1867 à Neuilly sur Seine. Fils du célèbre Docteur Charcot, il entreprend des études de médecine, accompagne son père dans sa brillante carrière, devient interne des hôpitaux puis médecin.

Mais le jeune Docteur Charcot est depuis longtemps attiré par l'appel du large, auquel il va se vouer totalement après la mort de son père, en 1893, donnant à sa vie une orientation nouvelle et féconde à laquelle rien ne le prédestinait, à bord de navires qu'il baptisera invariablement "Pourquoi pas ?".

Après des croisières en Islande, dans les îles Féroé et aux Hébrides, Charcot conduit des expéditions scientifiques polaires au travers desquelles sa renommée dépassera bientôt celle de son père, et dont il ramènera quantité de relevés cartographiques, météorologiques, géologiques et océanographiques, des études sur les marées, sur le magnétisme, des collections zoologiques et lithologiques.

Durant l'hiver 1909-1910, il relève le tracé de la Terre Alexandre Ier (antarctique) et découvre une île inconnue qui porte désormais le nom de Terre de Charcot.

Durant la première guerre mondiale, il est d'abord affecté comme médecin à l'hôpital de Cherbourg, puis il obtient de l'amirauté anglaise de commander un bâtiment de chasse anti-sous-marine et convainc l'amirauté française de construire une flottille anti-sous-marine dont il commande l'un des bâtiments. Il reçoit les Croix de Guerre anglaise et française pour son courage.

Il est élu à l'Académie des Sciences en 1926 et prépare, en 1930, l'Année Polaire Internationale. En 1934, il rencontre Paul-Émile Victor qu'il décide à se rendre au Groenland où il installe la mission du jeune ethnographe, qu'il viendra rechercher en 1935.

Le 16 septembre 1936, après avoir livré du matériel scientifique à la mission de Paul-Émile Victor, le "Pourquoi-Pas ?", en route pour Saint-Malo, est pris dans une violente tempête et se brise sur des récifs. Un seul survivant échappera au naufrage.

Le Commandant Charcot, comme on l'appelait depuis longtemps, est enterré le 12 octobre au cimetière parisien de Montmartre, après des funérailles nationales.

Deux de ses livres, «Le Pourquoi-Pas? dans L’Antarctique» et «Autour du pôle sud», très en vogue jusque dans les années 1960, ont passionné des lecteurs souvent très jeunes et friands d'aventures.

biographie partiellement inspirée du Magazine Transpol'Air

Jean-Martin Charcot

Peut-on évoquer le Commandant Charcot sans évoquer son illustre père, le Professeur Charcot ? L'ambiguïté du nom de la rue qui borde notre résidence (Rue du Docteur Charcot), n'invite-t-elle pas, d'ailleurs, à ce double hommage ?

Le Docteur Jean-Martin Charcot est né à Paris le 29 novembre 1825, d'un père carrossier et d'une jeune mère de 16 ans. Dans le milieu des années 40 il entreprend des études de médecine et devient interne des Hôpitaux de Paris en 1848. Deux ans après son agrégation, en 1862, il est nommé médecin-chef à la Salpêtrière où il oriente sa carrière vers l'étude et l'enseignement de la neurologie naissante - dont il est le fondateur avec Guillaume Duchenne - et dont il sera l'un des maîtres et des professeurs les plus respectés.

En 1882, la faculté de médecine de Paris crée pour lui la première chaire mondiale de clinique des maladies du système nerveux, à la Salpêtrière, dont il fera la plus grande clinique neurologique d'Europe et dont l'autorité rayonnera sous le nom d'Ecole de la Salpêtrière. Ses travaux sur l'hypnose, l'hystérie et plus généralement la psychopathologie, dont il est le précurseur, le rapprochent de la révolution psychiatrique en développement. Il a alors pour élèves et collaborateurs, entre autres, des Binet, Richier, Lépine, Pierret, Brissaud, Bourneville, Babinski, de la Tourette, Ballet, Bernheim, Janet, Joffroy et Freud, dont l'admiration pour le maître ira jusqu'à lui faire donner à son premier fils le prénom de Jean-Martin.

Membre de l'Académie de médecine et de l'Académie des sciences, son nom reste attaché à la découverte ou la description d'une vingtaine de syndromes et de maladies - dont la sclérose en plaques et la sclérose latérale amyotrophique, toujours désignée sous le nom de maladie de Charcot -, à l'invention de la méthode anatomo-pathologique et à l'origine de la thèse, nouvelle à l'époque, selon laquelle le cerveau n'est pas homogène mais formé d'une association de régions spécialisées dont les lésions sont en rapport avec des atteintes motrices.

Le Professeur Charcot, souffrant d'une insuffisance coronarienne sévère, meurt brutalement au cours d'un voyage dans le Morvan, le 16 août 1893. Il est enterré après des obsèques nationales.

Émile Zola

Que dire de ce monument de la littérature française, qui pourrait encore être ignoré de quiconque ? Et comment le dire mieux que Zola lui-même aux lecteurs des Annales de la Patrie, en 1876, au moment d'y publier les nouvelles que Mikhaïl Saltykov lui avait commandées :
"Je suis né le 02 avril 1840 d'un père natif de Venise et d'une mère française, originaire de la Beauce - je suis né ici à Paris, en plein centre d'un des quartiers populaires. Mon père était ingénieur et réalisa quelques grands travaux de canalisation dans la région d'Aix, près de Marseille, où il mourut en 1847. J'ai grandi en Provence de l'âge de 3 ans jusqu'à l'âge de 18 ans et j'ai commencé mes études au collège de la ville d'Aix. Revenu à Paris en 1858, j'ai connu une période de grande misère. J'ai terminé mes études secondaires au lycée Saint-Louis et passé quelques temps à fainéanter avec l'insouciance d'un poète. En 1862, je suis rentré à la Librairie Hachette, jusqu'en 1866, époque où je me suis lancé dans le journalisme.
Il y a déjà dix ans que je vis de ma plume, plutôt mal que bien. On me conteste violemment, on ne me reconnaît souvent pas le moindre talent et je gagne bien entendu moins d'argent que ceux qui écrivent des feuilletons des journaux. Il y a quatre ans seulement que j'ai pu cesser tout à fait de collaborer à des journaux, où je m'attirais des désagréments par mes manières et je me suis définitivement enfermé chez moi pour écrire mes romans.
Je vis très à l'écart, dans un quartier éloigné, au fin fond des Batignolles. J'habite une petite maison avec ma femme, ma mère, deux chiens et un chat. Si quelqu'un passe me voir le jeudi soir, il s'agit surtout d'amis d'enfance qui sont presque tous des Provençaux. Je sors le moins possible. Comme écrivains, je ne fréquente que Flaubert, Goncourt et Alphonse Daudet. Je me suis éloigné de tout, exprès, pour travailler le plus tranquillement possible. [...] Que vous dire encore ? Mes Rougon-Macquart auront vingt tomes et actuellement je travaille sur le septième, un roman qui embrassera le monde des ouvriers parisiens. J'ai déjà beaucoup travaillé et j'ai encore devant moi beaucoup de travail. [...]"

Zola ne mentionne pas ses romans de jeunesse dans cet article (La Confession de Claude, Thérèse Raquin, Madeleine Férat, etc.), ni son théâtre et ses poèmes. Les volumes des Rougon-Macquart seront publiés d'année en année, jusqu'au vingtième en 1893, année où il est fait officier de la Légion d'honneur, après qu'il eût été nommé Président de la Société des gens de lettres. Puis Zola écrira Les Trois Villes, interviendra vigoureusement et courageusement dans l'affaire Dreyfus, en 1898 (Clémenceau fera publier dans l'Aurore sa célèbre lettre ouverte au Président de la République : "J'accuse"). Viendront ensuite Les Quatre Evangiles, dont le dernier ne sera publié qu'un an après sa mort survenue subitement le 29 septembre 1902 à la suite d'une asphyxie due au mauvais tirage de sa cheminée, bouchée par des pierres, sans que l'on ait jamais su si cette obstruction était accidentelle ou criminelle. Ses cendres reposent au Panthéon depuis 1908.

Pour mémoire, les vingt volumes des Rougon-Macquart : La Fortune des Rougon - La Curée - Le Ventre de Paris - La Conquête de Plassans - La Faute de l'Abbé Mouret - Son Excellence Eugène Rougon - L'Assommoir - Une Page d'Amour - Nana - Pot-Bouille - Au Bonheur des Dames - La Joie de Vivre - Germinal - L'Oeuvre - La Terre - Le Rêve - La Bête Humaine - L'Argent - La Débâcle - Le Docteur Pascal

Albert Thomas

Albert Thomas est né le 16 juin 1878 à Champigny-sur-Marne. Normalien, agrégé d'histoire et de philosophie, il enseigne jusqu'en 1905 et participe à la rédaction de plusieurs publications socialistes et à celle de l'Humanité, avec Jaurès. Dirigeant de la SFIO, il est élu député de Sceaux en 1910, puis maire de sa ville natale.

Membre de commissions parlementaires pour les travaux publics et les chemins de fer, il est appelé durant la première guerre mondiale à la direction des chemins de fer et nommé, en 1915, sous-secrétaire d'Etat à l'Artillerie et aux Equipements militaires. Il devient ensuite ministre de l'Armement. Ces postes lui fournissent l'occasion d'instituer dans les usines de guerre des délégués ouvriers et de mettre sur pied des commissions mixtes, en contrepartie des efforts demandés et afin de mieux associer la classe ouvrière à la nation.

En 1919, alors qu'il vient d'être élu député du Tarn, le Conseil d'administration du Bureau International du Travail le sollicite pour diriger l'institution. A partir de cet instant, Albert Thomas s'y consacre totalement et lui donne une impulsion et un dynamisme qui va bientôt déranger les gouvernements adhérents. Il consolide la Charte internationale du Travail, fait abolir le travail forcé dans les colonies et, en 1926, la Conférence institue, par une révolution de ses institutions, le système de contrôle de l'application de ses directives encore effectif de nos jours.

Le 8 mai 1932, Albert Thomas, pris de malaise dans un restaurant proche de la gare Saint-Lazare, décède pendant son transport à l'hôpital.

Il reste de lui, outre son action au Bureau International du Travail, des récits de missions en Russie relatant, notamment, ses contacts intimes avec les dirigeants du Gouvernement provisoire et du soviet de Petrograd (cf. son Journal de Russie).

Depuis 1990, un Prix Albert Thomas est décerné par le Ministère du travail et le CNAM aux entreprises menant des politiques dynamiques de prévention des risques professionnels.


Mise à jour : 28 février 2006 remarques et suggestions : webmestre